Alors que la nuit du vingt-sept approche, qui pourrait être la nuit du destin, et qu'elle coïncide avec la nuit du vendredi béni, je crains pour moi-même et mes frères la privation. La privation... j'ai goûté son amertume un jour. C'était il y a douze ans, pendant mes études aux États-Unis. Obtenir un visa pour le pèlerinage de là-bas était facile, alors je me suis dit : (Je vais y aller et "décharger" de moi-même l'obligation du pèlerinage afin de "me reposer" du péché pour le reste de ma vie). C'est ce qui m'occupait le plus ! Que je décharge de moi-même une obligation et que je ne ressente pas de culpabilité pour son retard. Je n'ai pas réalisé à l'époque que c'était un grand honneur d'obéir si Dieu me permettait d'atteindre Sa maison sacrée, alors je devrais m'efforcer de m'approcher de Lui, exalté soit-Il, et ressentir la douceur de l'adoration... ce n'était pas ce qui me motivait. C'est pourquoi, quand je suis allé voir un ami égyptien qui avait un bureau de voyages, je lui ai dit : (Réserve-moi le dernier vol et fais en sorte que le retour soit le plus tôt possible). Il m'a dit : (Pourquoi, mon frère ? Tu n'es pas vieux. Va adorer et prends ton temps, c'est le voyage d'une vie). Je lui ai répondu que j'étais occupé par mes recherches dans mon domaine et que mon temps était limité, donc je voulais accomplir "la mission" dans le plus court délai. J'ai obtenu un visa du consulat saoudien et réservé pour "le dernier voyage" et me suis dirigé vers l'aéroport. J'ai décollé de Houston pour Paris. Puis est venu le tour de l'avion à destination des deux sanctuaires. Lorsque je suis arrivé au comptoir où l'on vérifie les passeports et l'autorisation d'embarquer, l'employé m'a surpris en disant : (Je suis désolé, vous avez été en retard. Le dernier vol auquel vous pouvez embarquer pour le pèlerinage est parti il y a quelques heures) ! Je lui ai dit : (Mais j'ai un visa du consulat !! J'ai une réservation !) Il a dit : (Je ne sais pas. L'important est que vous n'êtes pas autorisé à monter dans l'avion). Au milieu de ma stupéfaction, j'ai vu des gens portant les vêtements d'Ihram se diriger vers l'avion. J'ai demandé à l'employé : (Pourquoi ceux-là sont-ils autorisés à se rendre au pèlerinage ?) Il s'est avéré que ceux-là avaient une exception car ils étaient invités par une invitation royale en tant que minorités en Amérique du Sud, je crois. La privation !! C'est le sentiment que j'ai ressenti en voyant ces personnes porter les vêtements d'Ihram et leurs visages rayonnants se dirigeant vers le pèlerinage, tandis que moi, je devais retourner d'où je venais, Dieu ne m'avait pas permis d'obtenir l'honneur qu'ils ont eu. J'ai réalisé mon erreur à ce moment-là et la cause de ma privation : j'ai traité le pèlerinage comme une obligation que je décharge pour éviter le péché et me reposer ! Pas comme un grand honneur auquel j'aspire et que je demande à mon Seigneur pour étancher la soif de l'âme et obtenir la dignité de l'obéissance. J'ai pleuré sur le chemin du retour de l'amertume de la privation. Deux ans après cette situation, j'étais retourné en Jordanie, où le pèlerinage est presque impossible sans "intermédiaire" ou des raisons spéciales pour ceux de mon âge, comme être chauffeur de bus ou guide. Pourtant, je me suis tourné vers Dieu avec humilité pour qu'"Il permette" que je fasse le pèlerinage. Et le Généreux, exalté soit-Il, a répondu sans intermédiaire ni considérations spéciales ! Et j'ai accompli le pèlerinage grâce à Dieu Tout-Puissant. Chers amis, acceptons ce qui reste du Ramadan avec l'esprit de ceux qui cherchent à s'approcher et craignent la privation... craignent de voir les gens entre pleurs, supplications, debout, prosternés et humbles, tandis qu'ils sont éloignés de leur Seigneur miséricordieux... nous craignons que ne nous atteigne l'invocation de Gabriel que le Prophète, paix et bénédictions sur lui, a confirmée : (Éloigné est celui qui atteint le Ramadan et n'est pas pardonné). Ô Dieu, guide-nous vers une bonne action qui nous rapproche de Toi et ne fais pas de nous les privés.